L’adolescence est une période lors de laquelle beaucoup d’importance est accordée à l’apparence physique. Certains adolescents vont même jusqu’à développer une relation malsaine avec la nourriture. Sauriez-vous reconnaître un trouble alimentaire chez l’un de vos proches?
Quelques faits
Nul doute que le culte de la minceur proposé par l’industrie de la mode met de la pression sur les épaules des jeunes femmes à travers le monde. Plusieurs d’entre elles suivent des régimes exigeants dans le but de perdre du poids et de ressembler à ces modèles de beauté. Quant il s’agit de perte de poids, comment peut-on faire la part des choses entre un régime sévère et un trouble alimentaire ?
Les personnes qui souffrent d’un trouble de l’alimentation (anorexie ou boulimie) ont toutes un point en commun : une attitude inappropriée face à la nourriture, à leur poids et à leur image corporelle. De graves conséquences sur la santé physique et psychologique peuvent en découler.
Les troubles de l’alimentation apparaissent généralement lors de l’adolescence ou au début de l’âge adulte, l’âge moyen se situant à 14 ans. L'anorexie et la boulimie affectent davantage le sexe féminin que masculin, les hommes ne représentant que 10 % des personnes atteintes. Au Québec, le taux des troubles de l'alimentation chez les femmes âgées de 13 à 30 ans est d'environ 3 %.
L’anorexie
Les gens souffrant d’anorexie diminuent volontairement et dangereusement leur consommation d’aliments et évitent toutes les situations susceptibles de leur faire prendre du poids. Elles refusent notamment de consommer de nouveaux aliments, pèsent leur nourriture et refusent de confier la préparation de leurs repas à d’autres personnes. De plus, elles font parfois de l’exercice physique de façon excessive.
Les personnes atteintes d’anorexie présentent généralement :
- un poids corporel inférieur à 85% de leur poids santé;
- une peur intense de prendre du poids;
- une fausse perception de leur image corporelle;
- une absence de menstruations depuis plus de trois mois.
Ainsi, malgré leur faible poids, ces personnes se perçoivent comme étant trop grosses. Des conséquences physiques peuvent survenir, dont les troubles du sommeil et des pertes de mémoire. Elles peuvent également présenter une intolérance au froid et une perte de cheveux. D’autres effets plus graves pour la santé, comme un ralentissement de la fréquence des battements du cœur, de l’anémie et un débalancement des électrolytes dans le sang peuvent se manifester. Enfin, dans 30 à 50 % des cas, les personnes anorexiques présenteront également des problèmes de boulimie.
Une psychothérapie devrait être amorcée lorsque la maladie est reconnue et acceptée par la personne malade. Généralement, les personnes anorexiques ont de la difficulté à reconnaître leur état. Les confronter vigoureusement à leur maladie n’est généralement pas conseillé, tout comme leur faire des commentaires, même positifs, sur leur poids et leur apparence. Le travail conjoint de professionnels, y compris d’un médecin et d’un(e) nutritionniste, est essentiel afin que la personne atteinte retrouve un poids santé et une attitude positive et saine face à la nourriture.
La boulimie
Les personnes atteintes de boulimie consomment de la nourriture de façon excessive et compensent leurs excès par :
- des vomissements;
- l’utilisation de laxatifs;
- l’exercice physique intense, parfois jusqu’à l’épuisement;
- le jeûne.
Un important sentiment de perte de contrôle et de honte est présent chez les personnes boulimiques. Elles ont souvent un poids normal ou même un surplus de poids, ce qui rend le diagnostic de cette maladie plus difficile. Afin de le confirmer, les crises de boulimie doivent se répéter de deux à trois fois par semaine, sur une période d’au moins trois mois.
Les gens atteints de boulimie ont souvent une humeur dépressive ou anxieuse. Les problèmes de consommation de drogues et d’alcool sont fréquents. Les vomissements répétés peuvent entre autres provoquer une dégradation des dents et une inflammation de l’œsophage.
Parmi les traitements, on retrouve la psychothérapie et l’utilisation d’antidépresseurs. Ces mesures sont utilisées pour diminuer les comportements compulsifs face à la nourriture. Tout comme l’anorexie, il est souhaitable que plusieurs professionnels travaillent en équipe auprès de la personne.
Quelques conseils pour les parents
En tant que parent, il est normal de se sentir démuni lorsqu’on soupçonne ou fait face à un trouble alimentaire chez notre adolescent. Si tel est votre cas, voici quelques conseils pour vous aider :
- Gardez à l’esprit qu’un trouble alimentaire cache fort probablement une souffrance chez votre enfant, et non pas de mauvaises intentions. En d’autres mots, il ne fait pas exprès.
- Se sortir d’un trouble alimentaire est un processus complexe qui exige du temps et des efforts.
- Évitez les commentaires liés au poids ou à l’apparence physique, qu’ils soient positifs ou négatifs.
- Soyez à l’écoute des émotions de votre enfant. Montrez une attitude ouverte et un esprit de collaboration.
- Ne ressassez pas le passé en vous questionnant sur ce que vous auriez dû faire (ou pas). Plusieurs parents éprouvent de la culpabilité face au problème alimentaire de leur enfant. Demandez-vous plutôt ce que vous pouvez faire aujourd’hui et dans un futur proche, et prenez des mesures concrètes pour lui prêter main forte.
- Misez sur le renforcement positif : compliments sincères, encouragements, reconnaissance des efforts et des succès, etc. Éviter le renforcement négatif : critiques, punitions, dévalorisation. Les personnes souffrant d’un trouble alimentaire ont souvent une perte d’estime de soi. Il faut donc s’employer à la préserver. Mettez de côté la pression de performance.
- Rappelez-vous que même si votre enfant se replie sur lui-même ou vous rejette, il a besoin de vous plus que jamais. Tentez de rétablir le contact et la confiance avec douceur, patience et persévérance.
Malheureusement, il n’y a pas qu’une seule cause aux troubles alimentaires et ceux-ci disparaissent rarement sans traitement. Les personnes atteintes ont besoin de support tout au long du processus de guérison, qui peut être long et difficile. Le support familial est une partie importante de la solution. Initiez le dialogue avec la personne atteinte, sans jugement ni critique. Le chemin vers le rétablissement n’en sera que plus facile. Pour votre bien et surtout celui de votre enfant, n’hésitez pas à demander de l’aide à de professionnels. Cela vous enlèvera sans doute un grand poids de sur les épaules!